Jour 1
J’arrive au Little Montreal du Big Montréal à cinq heures moins deux secondes et je m’installe. Nuage Flou débute la soirée punk avec adresse. Le batteur martèle un gros kit Sonor tuné à peu près, accompagné d’une basse fuzz et d’une guitare géométrique. Une guitare géométrique ? Eva, la guitariste, a un jeu idiosyncrasique souvent guidé par des positions de main qui glissent sur le manche en gardant une forme spécifique.
Piss Face commande l’attention. Hoop lance des volées de mots dans un micro rouge nez de clown. Ul est armae d’un personnage de scène, ce n’est pas pour divertir, mais plutôt pour articuler une vérité. Ul déconstruit les tendances nationalistes, les groupes racistes et néonazis, la radicalisation des jeunes sur l’internet et revient toujours à cette phrase « A better community for whom? », en utilisant sa plateforme pour remettre en question l’idée des communautés safe space qui ne sont que temporaires, comme un festival de musique.
Je skip vers le Buddha pour un petit refill et je reviens à temps pour voir la dernière chanson de The Monsieurs qui sont costumés classe, avec un front man post-Jagger qui traine une certaine invincibilité. Ils seront de retour plus tard en soirée pour une deuxième performance tout aussi énergétique au dôme géodésique.
C’est la soirée hip hop au Grand. La foule est sur le party ; c’est le plus de monde que je me rappelle d’avoir vu au théâtre centenaire. Je me promène plus ou moins intéressé par la musique, en mode retrouvailles. Un point fort, le débit impressionnant des rapeuses de Reykjavíkurdætur.
Une petite aventure m’apporte au Townehouse pour le spectacle d’Art D’Ecco et Simply Saucer. Le premier groupe est de loin mon coup de coeur de la soirée. Leur musique saveur rock alternatif synthé avance d’abord une bonne ligne de basse accotée sur un backbeat pocket. Ensuite, ce sont les hooks à la guitare et la performance vocale qui viennent gigoter mes entonnoirs à musique avec justesse et goût. La foule danse. Je suis dans la foule. Je danse. C’est malade.
Simply Saucer débarque un peu jetlagé de leur soucoupe volante. J’avoue que j’imaginais des engins antigravitationnels et des synthétiseurs modulaires fabriqués sur Vénus. Mais, quand tu peux dire en passant « This one is from a single we released in 1977 », tu flirtes quand même avec le légendaire.
Surprise de fin de soirée ; Supertoke pop-up show au coin en pointe Elgin et Durham. Les luchadors sont en cavale ; wall of sound d’amplis, tone croutés, crunch crunch auditif, rythmes boom snap, mes oreilles sont plus que satisfaites.